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Histoire

Histoire de la Basse-Navarre

par Pascal Goñi

Chapitre 3 : LE MESOLITHIQUE (9000 / 4500 environ)

….Après la glaciation du Würm (la dernière à ce jour), le climat se réchauffe progressivement entraînant fonte des neiges et modification du couvert végétal. Les arbres à feuille caduques, comme le châtaignier, se multiplient et supplantent progressivement les conifères.

La steppe est remplacée par la végétation des prairies ou la forêt tandis que le renne part vers le nord. Car la faune subit parallèlement une mutation: les grands troupeaux d’herbivores disparaissent. Les Hommes modifient par conséquent leur alimentation. Ils continuent à chasser du petit gibier avec l’arc qui apparaît à cette époque semble-t-il. L’animal le plus consommé devient le cerf qui fournit sa chair, ses os et ses bois. Les autres animaux chassés sont le chevreuil, le sanglier, les boeufs de petite taille, le blaireau, le hérisson, le loup, la chèvre et le bouquetin dans les zones montagneuses, soit des espèces très proches de la faune actuelle. Mais ils ramassent aussi pour leur consommation de grandes quantités d’escargots (en particulier à Urdax, en Navarre), de produits de la forêt (des noisettes dont des débris de coques ont été retrouvés près des foyers), de glands et de baies sauvages. Les ressources alimentaires sont donc plus variées. 

….L’outillage en silex continue, mais avec des dimensions beaucoup plus réduites. C’est l’époque du microlithisme où certaines pointes ne dépassent pas le centimètre. Il existe aussi des outils en os (harpons notamment) souvent décorés par des figures géométriques très caractéristiques de cette période. La culture la plus ancienne du Mésolitique est en Navarre celle de Zatoya qui est un site typique de l’Azilien dans la Péninsule ibérique. Il est très difficile d’y distinguer les éléments du début de cette industrie et de ceux de la fin du Paléolithique (la transition semble établie vers 11 700 avant notre ère). L’apogée de l’Azilien pour ce même site est daté de -8 000, suivie par l’apparition d’éléments artistiques géométriques qui seront présents dans toutes les couches stratigraphiques jusqu’à l’arrivée de la poterie au Néolithique.

Petits grattoirs du Mésolithique retrouvés à Sare (Coll. Ikuska)

Harpons de l’Azilien exposés au Musée de St-Germain-en-Laye (Coll. Ikuska)

….Les grands mouvements saisonniers cessent et les groupes humains s’essaiment et sont de plus petite taille. La présence humaine semble se réduire en Pays de Mixe à la grotte d’Arancou qui reste encore occupée (abondance de restes de poissons et d’oiseaux). En Pays de Cize, l’abri d’Ascarat est toujours habité. Les Hommes s’abritaient aussi sous des tentes à la belle saison comme par le passé. Les salles Saint-Martin et d’Isturitz continuent de servir pour y déposer des cadavres jusque vers -5 000. De nombreux ossements humains et des fragments de poteries y ont été retrouvés.

….Cette période du Mésolithique est souvent considérée par les préhistoriens comme une transition de l’économie de prédation (chasse, pêche, cueillette) vers une économie de production (agriculture, élevage) qui se développera au Néolithique. L’Homme puise toujours ses besoins alimentaires dans la nature, mais doit s’adapter aux bouleversements de son environnement.

Pour aller plus loin :

  • Manex Goyhenetche, Histoire générale du Pays basque, tome 1, Elkar, 1998, p 29.
  • Christian Normand, «L’enracinement humain», Le Pays de Mixe, Ed. Izpegi, 1992, p 52.
  • « Réflexions générales sur la période mésolithique, sa réalité en Pays Basque », Éric Dupré -Moretti, Filipe Lesgourgues, 1996, Ikuska 13-14, pp. 49-76