par Beñat ZINTZO-GARMENDIA


A l’aube du dix septième siècle et sans concertation aucune débute, la même année (1609) à quelques mois d’écart deux terribles chasses aux sorcières en Pays basque :
- l’une dans le Labourd soumis à la justice royale d’Henri IV désignant lui-même deux commissaires royaux, deux laïcs du parlement de Bordeaux ;
- l’autre débutant dans le royaume de Navarre d’Espagne puis se répandant, telle une traînée de poudre, à la quasi totalité du Pays basque sud ou d’Espagne, dans les années qui suivent. Là, c’est la terrible justice inquisitoriale qui va s’occuper de mener cette chasse, selon son schéma habituel. Pourtant l’Inquisition sera beaucoup plus magnanime dans sa répression que la justice laïque française, absolument apeurée et persuadée de combattre le diable.
En Navarre, tout débute fort accidentellement par une anecdote de mauvais goût et une affirmation gratuite d’une jeune domestique d’origine Labourdine. Ce qui aurait pu demeurer comme une histoire de commérage va être repris par un puissant qui s’en fait l’écho auprès des inquisiteurs de Logroño, la ville où réside le tribunal inquisitorial dont le ressort juridictionnel s’étend notamment à l’ensemble du Pays basque sud. C’est sans entrain débordant ni grande conviction que les deux inquisiteurs débutent une enquête qui sera parmi les plus fameuses d’Espagne et aboutira à la célèbre réputation, si ce n’est internationale du moins à l’échelle de l’Espagne, des sorcières basques. Au point qu’au fil des siècles cette affirmation devient une tautologie véridique !
Lors de cette chasse en Navarre quelques rares hommes courageux, lucides,
rationnels, vont semer les premiers doutes sur la réalité de la sorcellerie, au point que ces procès finiront par convaincre la Suprema (l’Inquisition Générale de toute l’Espagne) de reprendre l’enquête à zéro, de stopper tous les procès et enfin d’interdire toute condamnation à mort pour ce crime irréel !
Beñat ZINTZO-GARMENDIA Docteur es lettres en Histoire
